Avec les six pièces de 1863, les trois pièces de 1878 et les trois chorals, l’œuvre pour orgue de César Franck tient en douze morceaux qui sont aujourd’hui considérés comme incontournables. Cette intégrale va au-delà de ce corpus désormais célèbre et propose en plus les œuvres pour harmonium composées à la fois durant la jeunesse et l’âge avancé du compositeur. Nous pouvons notamment entendre, Cinq pièces pour harmonium transcrites pour grand orgue par Louis Vierne, les pièces posthumes pour harmonium pour l’office ordinaire ou encore le recueil intitulé « L’Organiste » datant de 1890. Cette intégrale, qui se veut donc d’une exhaustivité exemplaire, tient compte de tout ce que César Franck composa pour l’orgue ou l’harmonium. Hans-Eberhard Ross n’emploie qu’un seul instrument, le Goll de St Martin de Memmingen. Ce qui offre une unité de ton indéniable sans pour autant engendrer une quelconque monotonie. Avec rigueur, sobriété et un sens affirmé de la narration, Ross nous transporte dans un univers fait d’équilibre et d’épanchement savamment dosés. Dans les trois volumes, cette constante devient presque hallucinatoire et si l’envoûtement se refuse parfois à nous, la beauté des textures déployée ainsi parvient à combler amplement l’espace et son écho. En maître de « cérémonie », Ross nous transporte, nous élève, nous surprend et nous apprend à appréhender l’œuvre pour orgue de Franck différemment. Dans une prise de son que l’on eut aimé plus fouillée, ces enregistrements font la part belle au multicanal. La partie stéréo est quant à elle quelque peu négligée et il faudra jouer du volume pour en tirer toute la sève. Voici en tous cas une intégrale bienvenue qui fera certainement date dans l’histoire de l’enregistrement haute définition.
Jean-Jacques Millo Disponible sur | |
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