Pour son premier enregistrement en formation de chambre, accompagnée par Jonathan Gilad au piano et Daniel Müller-Schott au violoncelle, la jeune prodige du violon, Julia Fischer, se penche sur les Trios pour Piano, violon et violoncelle n° 1 et 2 de Mendelssohn. Et disons-le sans détours, le résultat est magnifique. Composé en 1939, le Trio n°1 op.49 est, selon Robert Schumann : "le maître trio de notre époque, comme ceux de Beethoven en si bémol et en ré, celui de Franz Schubert en mi bémol, l'étaient de leur temps". Malgré quelques critiques jugeant la partie de piano démodée, Mendelssohn retravailla sa partition en assumant l'héritage du passé : "Personne ne peut m'interdire d'y prendre plaisir et de continuer à travailler sur l'héritage que m'ont laissé les grands maîtres. Après tout, l'idée n'est pas qu'un compositeur reprenne le travail au début, mais plutôt qu'il le poursuive dans le sens de la puissance créative de chacun, sans qu'il s'agisse seulement d'une répétition de ce qui lui fut laissé". Le Trio n°2 op.66 fut créé en 1845 avec le compositeur au piano. Il fait partie des œuvres ultimes qui virent le jour durant les quatre dernières années de la vie du musicien. Julia Fischer, Jonathan Gilad et Daniel Müller-Schott apportent une fraîcheur de ton indéniable à ces pages d'un romantisme brûlant. Avec eux, le souffle est là, vibrant à chaque phrase, donnant aux respirations le sentiment de l'évidence, laissant les phrasés s'épanouir jusqu'à leur dernier souffle. En parfaite osmose, nos trois musiciens ravissent par leur jeu passionné et retenu à la fois. Ce Super Audio CD en pur DSD restitue le timbre de chaque instrument avec un naturel confondant. En stéréo ou en multicanal, le bonheur est au rendez-vous. Assurément, un disque Mendelssohn incontournable.
Jean-Jacques Millo |