Riccardo Muti aura certainement du mal à égaler l’interprétation fabuleuse de Sir Georg Solti parue chez Deustche Grammophon(lire Opus Haute Définition numéro 4), de cet opéra, le dernier du compositeur italien (il en a écrit 28). Certes, l’optique n’est pas la même. La version Solti lorgnait plus vers une reconstitution cinématographique tandis que celle de Muti et l’orchestre du théâtre de la Scala est nettement plus théâtrale. Ce en quoi aussi, elle constitue une alternative fort intéressante et alléchante, d’autant que les décors sont très beaux, agrémentés d’une touche poétique qui n’est pas pour déplaire. Ils sont inspirés d’une représentation historique de 1913, celle de Toscanini pour le centenaire de la naissance de Verdi. Certes, dans le rôle-titre, Ambrogio Maestri n’est pas Gabriel Bacquier mais il est fort crédible (bien qu’un peu trop maquillé). Les autres interprètes sont eux aussi pleins de verve dans leur jeu et dans leur chant : Barbara Frittoli incarne une bonne Alice Ford, Roberto Frontali un Ford tout à fait énergique, et Juan Diego Florez un Fenton dynamique. Le reste de la distribution est visiblement en osmose et brille par sa vivacité. Bref, en ce jour du 10 avril 2001, Riccardo Muti dirige avec panache, l’orchestre est en grande forme et les interprètes jouent le jeu.

Yannick Rolandeau