Cosi fan Tutte est sans doute l’opéra de l’ambiguïté et de la complexité des sentiments, du vertige de l’apparence, et du doute quant à la pérennité de l’amour. Mozart montre à quel point rien n’est simple. Réussir pareille représentation relèverait presque du « miracle ». Celle-ci donnée le 19 mai 2006 au célèbre Festival de Glyndebourne ne réussit certes pas pareil miracle malgré quelques bons atouts. Les décors soignés et un peu froids, voire précieux de Vicki Mortimer, créent une inutile distance avec le sujet qui demande aisance et naturel. La direction orchestrale de Ivan Fischer est souvent un peu sèche, manquant singulièrement de sensualité dans certains passages. On peut, concernant cet opéra se référer en cette matière à l’air très célèbre « Soave sia il vento » pour se rendre compte de l’optique précise prise par le chef d’orchestre. En revanche, l’excellence de l‘interprétation est à mettre à l’actif de cette représentation, tant les voix féminines, notamment, sont belles. Il faut dire que Miah Persson en Fiordiligi et Anke Vondung en Dorabella sont fort attrayantes et dynamiques, ce qui permet de croire en ce que nous voyons. Ca arrive. Excitées comme des puces par ce qui leur arrive (on imagine fort bien pourquoi), elles sont donc au diapason de leur rôle. La voix suit. Tout à fait logique. Leurs amants réciproques sont moins convaincants, que ce soit Luca Pisaroni en Guglielmo ou Nicolas Rivenq en Don Alfonso. Une représentation donc mitigée mais qui mérite un petit détour.
Yannick Rolandeau Disponible sur | |
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