Pierre Boulez donne ici dans ces concerts des 26 et 27 mars 2005 une version de la symphonie N°2 dite « Résurrection » de Gustav Mahler absolument magique. Il faut croire que la texture complexe et agitée, pleine de sarcasmes, de grandeurs et d’ironies, du compositeur viennois convient plutôt bien au chef français. Surtout que cette seconde symphonie fut longue dans sa maturation puisque Mahler composa d’abord un premier mouvement qu’il pensa publier sous la forme d’un poème symphonique intitulé « Todtenfeier » (Funérailles). Cinq ans plus tard, en 1893, il lui adjoint un Andante, un Scherzo et le mouvement « Urlicht ». Puis un cinquième mouvement, un finale avec chœur, dont Malher eut l’idée lors des funérailles de Hans von Bülow. Bref, Pierre Boulez, dirigeant sans baguette comme à son habitude, donne tout ce qu’il peut dans cette interprétation. L’orchestre est comme dynamisé ou électrisé par l’apparence toujours aussi austère de Pierre Boulez. Mais il faut dire qu’il se surpasse et signe là une des meilleures interprétations de la seconde symphonie et très certainement l’un de ses meilleurs enregistrements. La soprano Diana Damrau et la mezzo-soprano, Petra Lang, sont bouleversantes. Un petit miracle. Pas de doute, Pierre Boulez (qui a quatre vingt deux ans !) est un bien meilleur chef d’orchestre que compositeur.

Yannick Rolandeau