Félix Mendelssohn Bartholdy laissa un nombre considérable d'œuvres sacrées. Elles sont avant tout, comme le précise Jean-Alexandre Menetrier, " le reflet d'une foi profonde et sincère. Dès l'enfance, ajoute t-il, Mendelssohn fut profondément chrétien - chrétien dans sa croyance, ses œuvres, sa pratique de la justice et de la charité. Schumann, qui le connaissait intimement, fut frappé par sa piété et constata qu'avant de commencer la composition d'une œuvre musicale Mendelssohn inscrivait toujours en haut de la page H.d.m. ("Hilf Du mir") ou L.e.g. G. ("Lass es gelingen Gott"), invoquant l'aide divine à la manière de Bach". Lorsque le compositeur allemand commença l'écriture de son oratorio Paulus en 1834, de fastidieuses études de théologie notamment furent nécessaires. "La première partie de Paulus est maintenant presque terminée et je reste devant comme une vache qui n'arrive pas à trouver la porte de l'étable, je n'arrive pas à le terminer, l'ouverture en particulier n'est pas finie, et c'est un gros travail" écrivait alors Mendelssohn. C'est en définitive un drame familial, la mort de son père, qui poussa le jeune homme à achever son oratorio. La partition fut donc créée en mai 1836 à Düsseldorf dans un succès retentissant. Schumann s'en fit l'écho dans la presse en déclarant : "Le Paulus, une œuvre de l'art le plus pur, une œuvre de paix et d'amour". Et c'est en effet comme cela que Frieder Bernius conçoit l'œuvre dans son remarquable enregistrement. Dans une architecture d'ensemble à la fois lumineuse et aérienne, sa vision fait la part belle aux beautés multiples d'une musique porteuse de poésie. Accompagné par une Philharmonie de Chambre de Brême, un chœur et des chanteurs engagés, Bernius offre l'émotion pure et souveraine que réclamait le chef-d’œuvre de Mendelssohn. Un double album SACD exceptionnel et inoubliable.

Jean-Jacques Millo