Valeureux soldat maure, Othello est au service de la puissante cité de Venise. Revenu vainqueur de la guerre, il séduit Desdémone, fille de Brabantio, noble et riche sénateur. Pour devenir un citoyen à part entière de Venise, il l'épouse. Avec sa femme et sa suite, il est envoyé à Chypre, avant poste de la chrétienté, aux confins de la civilisation, qu'il doit défendre contre les Turcs. Dans le huis-clos de l'île, dans l'inaction d'un guerrier privé de guerre, Othello se laisse dévorer par le doute. C'est alors que Iago, humilié de s'être vu refuser la promotion attendue au profit de Cassio, construit sa vengeance : une machination qui engage Roderigo, amoureux éconduit de Desdémone, Desdémone, elle même et encore Cassio, Brabantion. Une machination qui va encercler Othello. Cependant, contrairement à ce que l’on croit, Othello n’est pas seulement l’histoire de la jalousie d’un homme envers un autre car ce dernier le manipule mais aussi le réel artisan du meurtre qu’il commet, l’unique artisan de sa jalousie. Oh combien cette lecture est plus dérangeante ! Une précédente version d’Othello avec Placido Dominguo (Opus Haute Définition N°18) sous la direction de Riccardo Muti mettait le feu à la partition. Ici, Antoni Ros-Marbà, y met le froid et parfois même le glacial, non pas d’ailleurs que sa direction soit mauvaise. C’est vrai que parler de la jalousie obsessionnelle sous cette perspective est un peu court. On pensera ce que l’on veut de l’opéra de Verdi et de l’adaptation qu’il fait de la pièce de Shakespeare (tiens, si vous le relisiez, non ?) mais cette interprétation donnée les 21 et 24 février 2006 vous donnerait des frissons même en plein été par forte canicule. Décors « léchés », très pensés, les chanteurs déroulent la dramaturgie d’une façon trop mécanique pour émouvoir réellement aussi bien José Cura que Krassimira Stoyanova, Lado Ataneli, Vittorio Grigolo et Ketevan Kemoklidze. A vos manteaux d’hiver !
Yannick Rolandeau Disponible sur | |
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