Cette parution se veut un hommage à Agathe Backer-Grondahl (1847-1907), pianiste virtuose et compositrice norvégienne du XIXème siècle. "D’abord sceptiques pour qu’elle s’engage dans une carrière pianistique, ses parents finissent par accepter. Elle étudie alors à Berlin à l’Académie de Musique en 1865, puis avec le célèbre Hans von Bülow à Florence en 1871 et Franz Liszt à Weimar en 1873. Ce-dernier l’encourage dans ses premiers essais d’écriture symphonique qui resteront inachevés. Une profonde amitié la lie au compositeur Edvard Grieg et à sa femme : Nina Hagerup Grieg avec laquelle elle interprète ses propres mélodies. Pianiste de renommée mondiale, elle participe activement à la diffusion de l’œuvre pour piano de Grieg et notamment de son Concerto pour piano et orchestre, lors de ses différentes tournées en Europe, le jouant même sous la baguette du compositeur norvégien. Atteinte de surdité autour de sa trentième année, elle finit par abandonner totalement sa carrière de soliste en 1903. Cela lui permet cependant de se consacrer plus amplement à la composition et à l’enseignement : « J’aime composer dans le calme du soir, quand la journée de travail se termine, l’enseignement, le ménage, les enfants, les jeux... Mais tout cela est également ce qui fait de moi une artiste.» Vers la fin de sa vie, elle semble regretter de n’avoir pu consacrer plus de temps à son art du fait de sa condition de mère et d’épouse. Elle écrit à l’un de ces fils : «Quand je réfléchis à tout ce que j’aurais pu accomplir si je n’avais pas vécu dans cette condition étroite et sous-développée, je me sens remplie de tristesse. Ce ne sont que des petites choses.»" La soprano Karen Vourc’h et la pianiste Anne Le Bozec unissent leur sensibilité musicale pour défendre et réhabiliter une des musiciennes les plus douées de son temps.
Jean-Jacques Millo |