"Le Chant de la Terre", du compositeur autrichien Gustav Mahler, est ici à l’honneur avec un enregistrement capté en public lors du Festival de Saint-Denis en 2008. "L’œuvre est un document individuel profondément émouvant, et ouvre l’ultime période créatrice de Mahler, celle des partitions posthumes que -peut-être par crainte de leur "réalité" - il ne se résolut ni à publier, ni à faire entendre en public", souligne Marc Vignal, avant de poursuivre, "On perçoit souvent un orchestre de chambre, à l’échelle symphonique, la polyphonie linéaire et la technique de la variation perpétuelle, poussés très loin, tendent la main à Schoenberg, et on a parfois, en particulier dans les deuxième et sixième parties, un sentiment d’improvisation contrôlée : tout cela, joint à l’absence de forme sonate, rendit possible la Neuvième Symphonie". La mezzo-soprano Violeta Urmana et le ténor Clifton Forbis forment un duo des plus passionnés pour une prestation habitée, inspirée et forte d’une ferveur partagée. Jean-Claude Casadesus et son Orchestre National de Lille délivrent des coloris diaphanes au sein de phrasés idoines. Bref, une interprétation du chef-d’œuvre mahlérien qui ne pourra laisser indifférent.
Jean-Jacques Millo |