Opus Haute Définition e-magazine

Strauss/Mahler

Ainsi Parlait Zarathoustra. Totenfeier

Rundfunk-Sinfonieorchester Berlin. Vladimir Jurowski (direction)

Pentatone PTC 5186 597, Outhere distribution

Super Audio CD hybride stéréo/multicanal

« Je n’ai pas voulu écrire de la musique philosophique, ni traduire musicalement la grande œuvre de Nietzsche. Je me suis proposé de tracer un tableau du développement de la race humaine depuis ses origines, jusqu’à la conception nietzschéenne du Surhomme ». Ainsi s’exprimait Richard Strauss pour défendre son poème symphonique contre ses nombreux détracteurs lors de la première, en 1896 dirigée par lui-même. Cependant, il suffit de lire ces quelques mots du philosophe allemand, mis en exergue de la partition, pour comprendre la démarche du compositeur : « La musique a trop longtemps rêvé ; nous voulons maintenant nous réveiller. Nous étions des somnambules ; nous voulons devenir des rêveurs éveillés et conscients ». Le grand mouvement nommé « Totenfeier » de Gustav Mahler fut, à l’origine, écrit pour la deuxième symphonie (bien avant sa conception finale). Mais comme le souligne Marc Vignal : « Mahler le joua au piano au chef d’orchestre Hans von Bulow, qui ne l’apprécia pas. Le Totenfeier fut donc remisé dans un tiroir ». Vladimir Jurowski offre ici une vision puissante, coloriste et inspirée de l’œuvre de Richard Strauss pour laquelle l’équilibre des pupitres de son orchestre est indéniablement bien architecturé. Le mouvement mahlérien est quant à lui d’une facture tout autre, plus imprécise dans son agencement. En guise de bonus, ce SACD nous donne également à entendre un prélude symphonique pour orchestre datant de 1876, reconstruit par Albrecht Gürsching, quelque peu anecdotique. Bref, la part du lion est ici du côté de Strauss et c’est dans une prise de son des grands jours qu’elle se propose de nous émouvoir.

Jean-Jacques Millo

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