L'opéra de Rossini La Cenerentola (d'après un livret de Jacopo Ferretti) est en fait l'adaptation du très très célèbre conte de Charles Perrault, Cendrillon. Vous connaissez certainement l'histoire : une jolie jeune fille Cendrillon transformée en bonne à tout faire (on l'appelait ainsi car après avoir durement trimé, elle allait s'asseoir près de la cheminée et s'asseyait dans les cendres d'où un premier surnom Cucendron et un second, Cendrillon), ses deux autres soeurs jalouses et méchantes comme des teignes, nées d'un second mariage, un père cupide, le fils du roi donnant un bal, la chaussure etc. Bon, ici, c'est un peu remanié et je dois avouer que je me suis fort ennuyé à ce spectacle pourtant conçu avec soin dans l'ensemble : les décors sont beaux (Hildegard Bechtler), les costumes aussi (Moritz Junge), les interprètes sont bons mais on n'y croit pas, dans le sens où les chanteurs et chanteuses ne paraissent pas vivre ce qu'ils chantent. Tout paraît surjoué, sans âme. Par exemple, j'ai du mal à croire en la méchanceté des deux soeurs jouées par Raquela Sheeran et Lucia Cirillo. Le père Alidoro (Nathan Berg) en fait trop. Il y a aussi un problème de distribution, car faire jouer le rôle de Cendrillon par Ruxandra Donose, trop vieille, pose un sérieux problème de crédibilité, visuellement s'entend. À cela s'ajoute Vladimir Jurowski qui conduit le London Philharmonic orchestra avec une certaine sécheresse qui ne sied pas beaucoup à Rossini (même si je pense par ailleurs qu'il ne s'agit pas là de son meilleur opéra) et que la mise en scène de Peter Hall manque d'entrain. Très rapidement donc, l'intérêt retombe sérieusement. Même si le spectacle a été filmé avec des caméras haute définition.
Yannick Rolandeau |