Opus Haute Définition e-magazine

W. A. Mozart

La Clémence de Titus

Eric Tappy, Tatiana Troyanos, Carol Neblett, Catherine Malfitano. Orchestre Philharmonique de Vienne. James Levine (direction)

Deutsche Grammophon 00440 073 4128, Universal Distribution

DVD stéréo / DTS

Jean-Pierre Ponnelle ne faisait pas dans la demi-mesure à l'époque. Puisque nous tournons La Clémence de Titus de Mozart, pourquoi ne pas tourner dans les ruines de Rome, au pied de l'Arc de Titus en plein forum, aux Thermes de Caracalla, ou à Tivoli dans les jardins de la Villa Adriana ? Et bien, nous y sommes. Et hop ! On pourrait reprocher à Jean-Pierre Ponnelle cet excès de naturalisme, perdant ainsi précisément le précieux artifice de l'opéra et du théâtre. Nous voici donc en 1980 dans une adaptation quasi cinématographique de la Clémence de Titus filmée comme si on y était. Décors et costumes sont évidemment somptueux. C'est peu de le dire. Cependant, on peut ajouter tout de même que parfois, ça fait un peu trop. Et que la gestuelle des personnages (coiffures, roulement des yeux, grimaces dramatiques) est un peu emphatique ou dirais-je un peu trop théâtrale dans le mauvais sens du terme. Pour ceux qui aiment la mise en scène de Jean-Pierre Ponnelle, ils peuvent acheter ce DVD les yeux fermés. James Levine dirige un des plus grands orchestres philharmoniques, celui de Vienne. Eric Tappy est Titus, Tatiana Troyanos est Sextus (si bien grimée qu'elle ressemble presque à un homme, ce qui contribue à rendre son personnage crédible), Carol Neblett est Vitellia, Anne Howelles est Annio, Catherine Malfitano est Servilia. Ils sont tous excellents à peu de choses près. Sur l'air final de Vitellia (plage 39), Jean-Pierre Ponnelle se paye le luxe de faire du cinéma avec un magnifique plan séquence tout en filmant de surcroît l'interprète de loin, celle-ci étant logiquement inscrite dans le décor avec une belle symétrie des colonnes. À ne pas manquer. Que dire d'autre ? Petite cerise sur la gâteau, la lumière est de Carlo di Palma, un des chefs opérateurs des films de Michelangelo Antonioni et de Woody Allen (un peu plus tard en 1986 avec Hannah et ses soeurs). Un excellent directeur de la photographie. Tout est comme cela, Unitel a voulu faire mieux que les autres. Il a réussi... Mais il manque l'artifice... Le précieux artifice tout de même... Mais dans le genre, on ne fait pas mieux.

Yannick Rolandeau

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