Ce SACD digne du plus grand intérêt propose la Sonate pour piano N°3 en fa mineur Op.5 de Johannes Brahms, cette œuvre qui fut la seule « que ce dernier soumis à Schumann durant sa composition, précise Jean-Alexandre Ménétrier, avant d’ajouter qu’on a parfois voulut y voir une sorte d’auto-portrait, car c’est effectivement la plus diverse en sentiments. Le style personnel de Brahms s’y affirme déjà nettement : succession de tierces et de sixtes, idées mélodiques plus compartimentées, choix plus défini d’un type d’écriture particulier réservé à une section ». Les Intermezzi Op.117, au nombre de trois, datant de 1892, qui sont, comme l’écrivait Claude Rostand : « Trois paysages d’automne qui restent tous dans la demi-teinte, le clair-obscur, chers au Brahms de la vieillesse ». Et pour finir, la Sonate pour piano N°1 d’Alban Berg, en un seul mouvement, jouée ici dans sa version révisée de 1925, et qui fut publiée à compte d’auteur en 1910. Elle « symbolise à la fois la fin d’une époque en clôturant la sonate romantique et l’ouverture sur l’avenir », souligne avec pertinence Vincent Larderet. Ce dernier, s’empare donc de ces œuvres avec ardeur et conviction pour délivrer un jeu d’une absolue clarté. Cet éclairage idéal, à la manière d’un Krystian Zimerman, fait la part belle à la profondeur musicale, celle qui mène à la « beauté sensible » selon Benoît Duteurtre dans son remarquable ouvrage « Requiem pour une Avant Garde ». Vincent Larderet est un artiste complet qui a compris l’intérêt primordial de l’analyse musicale. Ce SACD remarquable en est une preuve flagrante que nous saluons chaleureusement.

Jean-Jacques Millo