De prime abord, l’initiative éditoriale de cet enregistrement exemplaire est à saluer, à la fois pour sa qualité mais également pour sa dimension artistique entièrement tournée vers l’amour de la musique. Ce sentiment profond que Schubert et ses amis partageaient avec la plus grande ferveur lors de ces fameuses Schubertiades, véritables rencontres artistiques où l’art côtoyait le vivant dans une démesure unique. Le ténor Julian Prégardien initie cette « résurrection » dans un programme de lieder et de transcriptions inspirés, autour d’un groupe instrumental comportant flûte, baryton et guitare. Guitare que Schubert pratiquait, rappelons-le. A cela s’ajoute la lecture de textes signés Michael Stegemann et Peter Härtling. Schubertiades imaginaire et envoûtante donc, sans piano, qui « nous renseigne sur la culture de salon et la musique pratiquée dans les cercles bourgeois à Vienne vers le milieu du XIXème siècle » comme le souligne Bernd Heyder. Julian Prégardien chante et déclame avec un charisme indéniable, rendant vibrant et tangible un monde oublié, comme revenu d’un passé figé à jamais. La prise de son, d’une beauté inouïe, rendant aux timbres instrumentaux leur richesse première, fait de ce SACD un témoignage bouleversant d’humanisme prégnant.

Jean-Jacques Millo

To start with, the release of this exemplary recording is to be saluted, both for its quality but also for its artistic dimension which is entirely devoted to the love of music. This deep feeling that Schubert and his friends shared with the greatest fervor at the famous Schubertiades, a true artistic encounter where art rubbed shoulders with life in a unique dimension. The tenor Julian Prégardien initiates this “resurrection” in an inspired program of lieder and transcriptions around the flute, baritone and guitar. The guitar which Schubert played, let us remember. To this are added the reading of texts signed Michael Stegemann and Peter Härtling. Imaginary and captivating Schubertiades, without piano, which “informs us on chamber culture and the music played in Viennese bourgeois circles towards the middle of the 19th century,” as states Bernd Heyder. Julian Prégardien sings and disclaims with undeniable charisma, making a forgotten world vibrant and tangible, as if brought back from a frozen past. The sound recording of unbelievable beauty gives the instrumental tones their original richness and makes this SACD a moving account of powerful humanism.

Translation Lawrence Schulman