Les Préludes de Claude Debussy (1862-1918) sont un univers à part entière dans lequel tout l’art du compositeur français s’y trouve concentré. Et Denis Herlin souligne avec justesse que « les innovations sonores de ces derniers ne cessent d’étonner. D’aucuns les ont qualifiés de pièces impressionnistes. Pourtant, ils n’ont pas pour but d’imiter la nature, mais d’être, comme le dit Debussy, une « transposition sentimentale de ce qui est invisible ». Et il ajoute que la musique n’est pas « bornée à une reproduction plus ou moins exacte de la nature, mais aux correspondances mystérieuses entre la nature et l’imagination » ». Le pianiste, Michel Béroff, revient aux préludes de Debussy après une intégrale de la musique pour piano enregistrée pour le label Denon. La rigueur, la profondeur, la poésie et l’émotion sont au rendez-vous d’une vision sans concession. Abordant une nouvelle fois, avec maturité, un monument du piano moderne incontournable, Michel Béroff exploite pleinement sa longue expérience de la musique du compositeur français. Une certaine « sagesse » s’y devine alors, au travers des notes et des sons déployés comme un éventail, qu’une main ferme ne peut lâcher. L’art pianiste de Michel Béroff réside dans ce sentiment où tout parait possible sans l’attrait de l’évidence. Un grand œuvre, un grand pianiste assurément.

Jean-Jacques Millo