Directement inspirées par des rythmes de danses, les Suites pour Orchestre de Jean-Sébastien Bach, dont la période de composition est attribuée, sans certitude, à son séjour à Coethen, forment un ensemble que le compositeur intitula « Ouvertures », faisant ainsi référence à la structure de chacune d’elles. Ces célèbres partitions sont le reflet d’un éblouissant jeu de timbres où les couleurs orchestrales se font avant tout lumière. Leur clarté intrinsèque participe d’évidence d’un mouvement inextinguible de ferveur et de joie. Là se trouve, en effet, le visage bienheureux d’un homme que l’on dit, aujourd’hui encore, sans faille. Mais là se trouve également, au-delà des notes, plus qu’un métier, un sacerdoce dont le moteur serait une foi divine inébranlable dictée par une destinée hors du commun. Avec son orchestre, le Bach Collégium Japan, le chef japonais Masaaki Suzuki empoigne ces œuvres avec autant de ferveur que le compositeur en son temps. L’esprit de clarté du discours musical est magnifiquement respecté, chaque pupitre est dosé comme il le faut et l’ensemble sonne avec bonheur. Tout cela serait parfait, s’il n’y avait une froideur générale cloisonnant l’émotion. Et malgré un souffle indéniable, Suzuki ne parvient pas à briser ce mur invisible et perturbateur. Un bel enregistrement tout de même dont il ne faut pas se priver, d’autant que la prise de son en stéréo ou multicanal est parfaite.
Jean-Jacques Millo |