« Chaque nouvelle symphonie de Bruckner est une nouvelle marche dans la direction à partir du chaos des sons qui prend peu à peu corps et forme », soulignait avec pertinence Stefan Kunze, avant d’ajouter : « Voilà qui explique la ressemblance si frappante des thèmes de Bruckner entre eux. C’est la méconnaissance du problème intrinsèque qui a fait dire avec malveillance que Bruckner n’avait pas comme Beethoven composé une fois neuf symphonies, mais neuf fois une symphonie ». Pour ce nouveau volume, Marek Janowski nous offre la Symphonie N°4 en mi bémol majeur dans la version de 1878/1880 éditée par Nowak, après corrections du compositeur : « Je suis à présent entièrement convaincu que ma 4ème symphonie romantique requiert d’urgence une révision approfondie. Par exemple, l’adagio contient des motifs de violon excessivement difficiles et injouables, et ça et là, l’orchestration est trop lourde et agitée ». Dans une prise de son des grands jours, l’Orchestre de la Suisse Romande donne au discours musical une matière sonore tangible que Marek Janowski sculpte avec brio. Un SACD de premier plan.
Jean-Jacques Millo |