Comme le soulignait jadis le musicologue Dominique Jameux, nous découvrons « en Berg une écriture hautement élaborée, dont la leçon, un peu à l’instar d’un Mahler, devient aujourd’hui précieuse à tous ceux qui se posent le problème de l’architecture de l’œuvre, du développement des cellules thématiques, et de l’emploi de la voix ». Composées en 1913-1914, les Trois pièces pour orchestre Op.6 d’Alban Berg sont dédiées à son maître Arnold Schoenberg. Ce dernier s’empara de la célèbre pièce du dramaturge Maurice Maeterlinck (1862-1949) à l’initiative de Richard Strauss. A l’instar de Debussy, c’est également le projet d’un opéra qui lui traversa l’esprit : « Mon opéra aurait été différent de celui de Debussy. Je n’aurais peut-être pas pu capter le parfum merveilleux de la pièce ; par ailleurs, le poème symphonique m’avait appris à exprimer les atmosphères et les caractères dans des unités musicales formulées avec précision ». Jac van Steen et l’Orchestre Philharmonique de Dortmund offrent à ces partitions une belle cohérence de timbres, de souffle et d’unité, sans oublier la puissante expressivité qu’elles dégagent. Un SACD de premier plan à découvrir.
Jean-Jacques Millo |