C’est un nouveau DVD signé Walter Felsenstein, dont la représentation fut donnée au studio DEFA à Babelsberg en 1969. L’on retrouve ici toute la force de ses productions. Force de la prestation vocale, bonne exécution de l’orchestre par un certain Kurt Masur, force des décors. Bref, nous sommes dedans à ceci près que là encore, nous avons une version allemande de cet opéra italien de la jalousie d’après évidemment l’œuvre monumentale de Shakespeare. Alors c’est selon, soit nous passerons outre, soit nous serons freinés par cette trahison vocale. Autant les deux autres opéras de Mozart pouvaient parfois laisser à désirer par quelques petites fausses notes, ici ou là, autant ici (à part les couleurs qui sont un peu passées avec l’âge), il s’agit bien du seul défaut apparent de cette production d’envergure. C’est bien dommage car tous les rôles sont remarquables aussi bien Hanns Necker, Christa Noack, Vladimir Bauer, Hanna Schmoock, Hans-Otto Rogge que Peter Scufert. Walter Felsenstein déploie un faste exceptionnel, parfois juste un peu outrancier mais en tout cas toujours captivant par la puissance dramatique suggérée. Il faut avouer que ne pas entendre parler italien (quand on en a l’habitude) a quelque chose de frustrant et l’on a du mal à se l’expliquer. Verdi en allemand, évidemment, ça fait quelque peu bizarre. Imaginez Raimu clamant dans César de Marcel Pagnol « Tu me fends le cœur ! » non dans la langue franco-marseillaise, mais en allemand ou en anglais ! Véritable dilemme ici tant cette production est excellente. Alors l’auditeur aura le choix de la formule tout en sachant ce qui attend.
Yannick Rolandeau This is a new DVD signed Walter Felsenstein, in a performance given at the DEFA studio in Babelsberg in 1969. All the power of his productions is once again on display. Powerful vocal performances, fine playing by the orchestra conducted by a certain Kurt Masur, impressive sets. In short, this is the real deal, albeit a German vision of this Italian opera about jealousy based on the monumental work by Shakespeare. As such, one can take it or leave it, accept it or be appalled by the vocal treason. Whereas Mozart’s two other operas could be faulted for a few bad notes now and then, here (beside the somewhat fading color) none can be found in this powerful production. Despite their singing in German, Hanns Necker, Christa Noack, Vladimir Bauer, Hanna Schmoock, Hans-Otto Rogge, and Peter Scufert are all remarkable, and Walter Felsenstein is exceptionally extravagant, sometimes a bit over the top, always riveting in his insinuated dramatic power. It cannot be denied that not hearing the Italian, when one is used to it, is something of a frustration hard to overcome. Verdi in German is clearly rather strange. Imagine Raimu claiming in César by Marcel Pagnol “Tu me fends le Cœur ! ” [You break my heart] not with his Marseille accent, but in German or English. ! Thus is the dilemma here in this excellent production. May the listener be aware of what he is getting.
Translation Lawrence Schulman Disponible sur | |
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