Voilà une Lady Macbeth beaucoup moins pathos que celle mise en scène par Martin Kusej (opus HD N°19) il y a quelques mois où l’on voyait une Eva-Maria Westbroek à moitié nue, tripotée et malmenée par des dizaines d’hommes dans un bain de sang. Ici le metteur en scène Lev Dodin opte pour une réalisation moins « gore » et moins naturaliste. L’intrigue emprunte à la fois à Flaubert (Madame Bovary) et à Shakespeare (Macbeth) et en voici le début : Katerina Ismaïlova se plaint de son existence monotone. Son beau-père Boris reproche à Katerina de ne pas encore avoir d'enfant et de ne pas être assez empressée auprès de son mari. Le mari de Katerina, Zinovy, devant réparer une digue qui a cédé, présente l'ouvrier qu'il vient d'embaucher, Sergueï. La cuisinière Aksinya rappelle que Sergueï, un bel homme, s'est fait renvoyer de son ancienne place pour avoir séduit la femme du maître. Quand Aksinya est malmenée, Katerina prend sa défense. Sergueï lui propose de se battre, elle accepte, et ils roulent par terre quand arrive le beau-père. Katerina raconte qu'elle est tombée. Un soir, Katerina tombe dans les bras de Sergueï et bientôt, elle tue son beau-père avec de la mort aux rats… James Colon se sort remarquablement bien d’une telle partition sans sombrer dans l’emphase ou ce qu’on appelle le pathos tout en donnant cependant une grande intensité au drame qui se joue. On le voit ici les interprètes sont excellents et défendent leur rôle avec ténacité et conviction. Les décors jouent intelligemment avec le bois et les éclairages même si tout cela reste peu inventif et vite répétitif. Peu importe, car visuellement ces décors ne jurent pas sur l’intensité dramatique comme on peut en avoir l’habitude de nos jours. Sur ce point, cette représentation est une réussite.
Yannick Rolandeau Lady Macbeth of Mtsensk
Here is a Lady Macbeth that is much less poignant than Martin Kusej’s staging (Opus HD N°19) a few months ago in which one saw Eva-Maria Westbroek half naked, fondled, and manhandled by a dozen men in a bloodbath. Here, the director Lev Dodin has opted for a staging that is less “gore” and naturalist. The story borrows both from Falubert (Madame Bovary) and Shakespeare (Macbeth), and begins as such: Katerina Ismailova complains about her boring existence. Her father-in-law, Boris, blames Katerina for not yet having any children and not paying attention to her husband. Katerina’s husband, Zinovy, has to repair a dike that has broken, and presents the worker he has just hired, Sergueï. Aksinya, the cook, recalls to him that Sergueï, who is a handsome man, was dismissed from his last job for having seduced the master’s wife. When Aksinya is mistreated, Katerina defends him. When Sergueï tells her they are going to have it out, she agrees, and they roll on the ground when the father-in-law arrives. Katerina says that she fell. One night, Katerina falls in the arms of Sergueï, and soon kills her father-in-law with rat poison… James Colon holds his own in such a score without falling into grandiloquence or what one might call pathos, while giving great intensity to the drama taking place. It is clear that the interpreters are excellent and take on their roles with tenacity and conviction. The sets make intelligent use of lighting the woods, even if much remains uninventive and quickly repetitive. Still, these sets do not visually depend on the dramatic intensity seen in contemporary productions. On this point, this production has succeeded.
Translation Lawrence Schulman Disponible sur | |
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