A l'heure où les mises en scène d’opéra frisent le grotesque avec un « modernisme » à la mode et la prétention de dépoussiérer les livrets, Walter Felsenstein (1901-1975) fondateur et directeur du Komische Oper de Berlin, a fait tout l’inverse, il y a quelques années déjà. Homme de théâtre, Walter Felsenstein tente de réconcilier scène et opéra. Il a produit plus de 190 spectacles sous sa direction. Suite du remarquable premier volume consacré à Offenbach et à son Barbe Bleue, voici un Fidelio plus vrai que nature. Il ne faut pas s’y tromper : ce « naturalisme » n’est pas de bon aloi. A vrai dire il détruit cette séparation fondamentale entre la scène et le public qui fait tout le sel de l’artifice à l’opéra, mais il a le mérite de la simplicité et de l’efficacité dramaturgiques. La ruse est que certains acteurs ne chantent pas et sont doublés par d’autres interprètes (une autre façon de jouer de l’artifice à une époque où les interprètes, même s’ils possèdent une belle voix ne savent plus jouer). A part cet écueil qu’il ne s’agit pas de nier, le reste est d’une excellente facture tant au niveau des décors que de l’interprétation. Et ce Fidelio possède une puissance indéniable. Rythme, force vocale, interprétation dynamique, montage efficace, il se laisse voir avec une « facilité déconcertante » si l’on ose dire et ce, même si les images datent d’un autre temps. C’est dire la qualité du spectacle que nous voyons et que les mises en scène « modernistes » devraient prendre en compte.
Yannick Rolandeau Whereas today, when opera staging borders on the grotesque with hip “modernism” and intentions of giving the book a make-over, Walter Felsenstein (1901-1975), founder and director of the Berlin Komische Oper, did just the opposite just a few short years ago. A man of the theater, Walter Felsenstein tried to reconcile the stage and opera. He produced more than 190 productions under his direction. After a remarkable first volume devoted to Offenbach and his Bluebeard, here is a larger-than-life Fidelio. Make no mistake about it: this “naturalism” is not in good taste. To be honest, it destroys this fundamental separation between the stage and the public that heightens the artifice in opera, even though it has the merit of simplicity and dramaturgic efficiency. The trick is that certain actors do not sing and are doubled by other interpreters (another way of playing on artifice at a time when interpreters, even if they have a beautiful voice, no longer know how to act). Notwithstanding this stumbling block that should not be denied, the rest is well done both in terms of the sets and interpretation. And this Fidelio possesses an undeniable power. Rhythm, vocal force, dynamic interpretation, effective staging: it can be viewed with a “disconcerting ease,” one might say, despite that the images are from another era. All of which goes to show the quality of the production under scrutiny: one that “modernist” directors should take into account. Translation Lawrence Schulman Disponible sur | |
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