Le compositeur argentin Alberto Ginastera (1916-1983) ne laissa que peu d’œuvres de musique sacrée. Datant de 1960, la « Cantata para America Magica » se veut l’illustration de textes précolombiens remis au goût du jour par son épouse Mercedes de Toro. La partition « exige de la chanteuse une virtuosité extrême, tant pour la technique vocale et la partie musicale elle-même que pour les qualités expressives qu’elle requiert. C’est pourquoi elle est rarement jouée, bien que son instrumentation percussive, comme un prisme, diffracte, en un spectre de couleurs et d’atmosphères d’un charme extraordinaire, le drame psychologique de la monodie », nous dit Christop Schlüren. Quant à l’inspiration de « Popol Vuh » Op.44 dont la composition s’étala de 1975 à 1983, Alberto Ginastera s’en expliquait ainsi : « J’évolue … Le changement prend la forme d’un retour à l’Amérique primitive des Mayas, des Aztèques et des Inkas. Je ne ressens pas cette influence sur ma musique comme un élément folklorique, mais plutôt comme une espèce d’inspiration métaphysique… Ce que j’ai fait, c’est de réhabiliter l’aspect transcendant de l’antique précolombien ». Saluons donc l’époustouflante performance vocale de la soprano Rayanne Dupuis qui nous offre ici une prestation quasi surnaturelle. Pour redécouvrir un langage musical d’une réelle force poétique et dramatique ce SACD est une belle surprise.
Jean-Jacques Millo Disponible sur | |
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