Opus Haute Définition e-magazine

Gustav Mahler

Symphonie N°9

Royal Stockholm Philharmonic Orchestra. Alan Gilbert (direction)

BIS 1710, Codaex Distribution

Super Audio CD hybride stéréo/multicanal

L’ultime symphonie de Gustav Mahler est indéniablement un adieu à la terre et, à ce titre, c’est bien Alban Berg qui en parle le mieux : « J’ai de nouveau joué d’un bout à l’autre la Neuvième Symphonie de Mahler. Le premier mouvement est la chose la plus magnifique de tout ce que Mahler a écrit. C’est l’expression d’un amour inouï pour cette terre, le désir d’y vivre en paix et, quant à la nature, d’en jouir encore jusqu’au bout dans toute sa profondeur – avant que la mort vienne. Car elle vient irrésistiblement. Tout ce mouvement repose sur le pressentiment de la mort. Encore et toujours elle est présente. Tout ce qui est rêvé sur terre y culmine (d’où les crescendos qui éclatent comme de nouveaux soulèvements après les passages les plus délicats) ; - et surtout, naturellement, dans le passage inouï où ce pressentiment de la mort devient certitude ; où, au milieu du plus douloureux appétit de vivre, la mort s’annonce « avec la plus grande violence » - là-dessus, l’horrible solo d’alto et de violon et ces sonorités chevaleresques : la Mort en armes. Là contre il n’y a plus aucune révolte. Il me semble que c’est la résignation qui poursuit encore plus avant – toujours avec la pensée de l’Au-delà, qui dans le passage Misterioso, nous apparait comme dans un air tout à fait léger – encore au-dessus des montagnes – oui, comme dans un espace éthéré. Et derechef, pour la dernière fois, Mahler se tourne vers la terre – non plus vers les combats et les exploits dont il se démet pour ainsi dire (comme déjà dans Le Chant de la Terre, avec ces sauts chromatiques descendants morendo), mais uniquement vers la nature. Les trésors que la terre peut encore lui apporter, il vient en jouir, et aussi longtemps qu’il le pourra : il veut, loin de tout ennui, dans l’air libre et léger de Semmering, se créer un chez-soi, pour aspirer en soi, à longs traits – toujours, toujours plus profond, cet air terrestre le plus pur pour que le cœur, le cœur le plus magnifique qui ait battu parmi les hommes, se dilate – se dilate toujours plus – avant qu’il doive ici cesser de battre ». A la tête de l’orchestre philharmonique de Stockholm, Alan Gilbert subjugue par une approche idéale des plans sonores. Chaque pupitre est travaillé dans le détail et l’architecture de l’œuvre, ainsi révélée, offre des couleurs jusqu’alors inexploitées. Dans une telle approche cette neuvième est bien une révélation et se place d’emblée au sommet d’une discographie pléthorique. Incontournable en SACD !

Jean-Jacques Millo

Gustav Mahler’s last symphony is without doubt an farwell to the earth, and as such, it is Alban Berg who best spoke about it: “I have once again played from beginning to end Mahler’s Ninth Symphony. The first movement is the most magnificent thing Mahler has ever written. It is the expression of an extraordinary love of this earth, the desire to live on it in peace, and as for nature, to profit from it to the end in all its depth – before death takes us. For it creeps up on us willy-nilly. This whole movement is based on the premonition of death. It is present always and forever. All that is dreamt on the earth finds its culmination in the movement (thus, the crescendos which erupt like new upheavals after the most delicate passages). And above all, of course, in the extraordinary passage where this premonition of death becomes certitude; where, in the middle of the most painful appetite to live, death announces itself “with the greatest violence,”hovering in the alto solo et violin and in these chivalrous sounds: Death in arms. At that point, there can no longer be any resistance. It seems to me that it is resignation that there forth leads the dance – still in thinking of the beyond, which in the Misterioso passage sounds like a pleasant song – even above the mountains – yes, like in an ethereal space. And once more, for the last time, Mahler looks on the earth – no longer at the combats and exploits he must, for all intents and purposes, resign himself to (as in The Song of the Earth, with its morendo chromatic descendants), but only towards nature. The treasures the earth can still hold for him, he wants to profit from, and for as long as he can: he wants, far from being bored, in the free and light Semmering song, to create a home, to aspire to it for it, in long traits – always, always deeper, this most pure terrestrial song so that the heart, the most magnificent heart that ever beat among men, opens – and opens more – before it must cease to beat.” Directing the Stockholm Philharmonic Orchestra, Alan Gilbert triumphs by ideal musical layering. The fine details of each instrument and the architecture of the work are thus revealed in heretofore unseen colors. Such an approach to this Ninth is a revelation, and places it at the top of the long list of references for this work. An SACD must!

Translation Lawrence Schulman

Disponible surCodaex
Visuel