Pour cette “illustration musicale” de l’oeuvre colossale de Goethe, Schumann s’attaqua de prime abord à la scène finale de la pièce du poète allemand. Mais très vite, à cause de son état de santé mentale précaire, la partition fut quelque peu délaissée. Cependant, elle fut achevée avant l’internement du compositeur et créée, six ans après la mort de ce dernier, par Ferdinand Hiller. « Schumann créa de nets contrastes d’atmosphère entre les trois parties, souligne Mark van Dongen, tenant ainsi compte de l’intention de Goethe. Globalement, son oratorio exprime l’idée de la rédemption. Cette idée est déjà préparée dans l’ouverture qui, née d’un sombre ré mineur, se développe jusqu’à une fanfare retentissante en ré majeur. Il prit naturellement pour modèle la cinquième symphonie de Beethoven ». Avec des chanteurs remarquables (Christian Gerhaher, Christiane Iven, Alaistair Miles, Werner Güra, Mojca Erdmann, Birgit Remmert, Elisabeth von Magnus, Franz Josef Selig) et des chœurs tout aussi sublimes, Nikolaus Harnoncourt rend son discours musical tragique et passionné à la fois. Tenant compte ainsi de la terrible période créatrice du compositeur en perdition. Une interprétation magnifiquement incarnée qui ne pourra laisser indifférent.
Jean-Jacques Millo Disponible sur | |
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