« L’introduction est le germe de toute la symphonie, son idée principale : c’est le fatum, cette force fatale qui empêche l’aboutissement de l’élan vers le bonheur, qui veille jalousement à ce que le bien-être et la paix ne soient jamais parfaits ni sans nuages, qui reste suspendue au-dessus de notre tête comme une épée de Damoclès et empoisonne inexorablement et constamment notre âme. Elle est invincible, et nul ne peut la maitriser. Il ne reste qu’à se résigner à une tristesse sans issue. Ce sentiment d’absence de joie et d’espoir se fait de plus en plus brûlant. Ne vaut-il pas mieux se détourner de la réalité et s’adonner au rêve ? Ô joie ! Au moins a-t-on vu apparaître un rêve plein de douceur et de tendresse. Une image humaine bienfaisante et lumineuse passe comme un éclair et nous invite à la suivre. Quel bonheur ! L’obsédant premier thème de l’allegro ne s’entend maintenant que de loin. Mais les rêves ont peu à peu envahi toute l’âme. Tout ce qui était sombre et triste est oublié. Le voici, le voici le bonheur. Non ! Ce n’étaient que des rêves et le fatum nous en réveille. C’est ainsi que toute la vie humaine est une alternance perpétuelle de réalité pénible et de rêves de bonheur fugitifs… ». Et c’est également ainsi que s’exprimait le compositeur russe lorsqu’il détailla le programme de sa symphonie à sa bienfaitrice la baronne von Meck. Neeme Jarvi poursuit donc son intégrale des symphonies avec toujours plus ou moins de bonheur. Ici, le résultat est mitigé, offrant une quatrième sans finesse et une sérénade pour cordes routinière. Un enregistrement sans grand éclat interprétatif mais à la prise de son néanmoins idéale.
Jean-Jacques Millo Disponible sur | |
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