Virtuose exceptionnel de l’archet, Nicolo Paganini « comprit certainement assez rapidement qu’il était « le prototype » du virtuose moderne qui se devait d’offrir constamment à son public de nouveaux divertissements, nous dit Franz Steiger. « Ma musique n’est pas aussi facile à écrire que les gens le croient ; le public me demande constamment quelque chose d’extraordinaire, de surprenant, et souhaite entendre des morceaux assez longs. Ceci demande bien entendu une certaine réflexion ». Il est incontestable qu’il ne se servit pas de ses extraordinaires capacités techniques uniquement pour démontrer sa supériorité, mais aussi dans le but « d’envoûter » l’auditeur et en même temps le spectateur. A cet égard, il est juste de déclarer que Paganini fut le précurseur d’une industrie « culturelle » orientée sur le marché ». Le célèbre violoniste Henryk Szeryng, soutenu par l’orchestre symphonique de Londres que dirigeait alors Alexander Gibson, donne de ces concertos une vision à la fois analytique et passionnée. Jamais, sous son archet, la virtuosité ne tourne à la démonstration et s’intègre avec bonheur dans un équilibre soliste/orchestre des plus pertinents. Un enregistrement de plus de trente ans à redécouvrir.

Jean-Jacques Millo

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