Lorsque Gustav Mahler achève la partition de sa première symphonie, c’est un jeune homme de moins de trente ans qui entre dans le cercle restreint des grands symphonistes de la fin du 19ème siècle. En effet, comme le précise Jean Matter : « Il faut remonter jusqu’en 1884 si l’on veut situer les premières esquisses de la Première symphonie, à l’époque où Mahler était second chef d’orchestre de l’Opéra royal de Cassel, toutes mêlées qu’elles sont sans doute au travail des Lieder Eines Fahrenden Gessellen, alors achevés. Le lien établi d’emblée entre les lieder et la symphonie a dû permettre au compositeur de jouer en quelque sorte en même temps sur deux tableaux. L’élaboration de la symphonie va l’occuper encore de longs mois au-delà de l’achèvement des lieder, à supposer que ses impérieuses fonctions de chef d’orchestre ne l’aient pas contraint plusieurs fois de mettre de côté l’œuvre en chantier ». A la tête de l’orchestre symphonique de Bamberg, Jonathan Nott commence son intégrale avec brio, puissance et retenue à la fois. Malgré un ton parfois appliqué, le discours musical qu’il façonne ressemble à une fresque aux couleurs automnales offrant aux timbres des instruments en présence un épanouissement rare et pertinent. Certes, d’aucuns trouveront la vision d’ensemble un peu sombre, jouant parfois d’un rubato surprenant. Mais l’essentiel réside ici dans une pensée savamment murie au service d’une partition hélas trop souvent rabâchée. Un début prometteur.
Jean-Jacques Millo Disponible sur | |
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