Fruit de la maturité, l’œuvre pour piano de Debussy se place au centre d’une production créatrice remarquable. Nuancé à l’extrême, le jeu du compositeur français subjugua même Marguerite Long qui travailla auprès de lui entre 1914 et 1917 : « Comment oublier la souplesse, la caresse, la profondeur de son toucher ! En même temps qu’il glissait avec une douceur si pénétrante sur son clavier, il le serrait et obtenait des accents d’une extraordinaire puissance expressive… Il jouait presque toujours en demi-teinte, mais avec une sonorité pleine et intense, sans aucune dureté de l’attaque, comme Chopin… L’échelle de ses nuances allait du triple pianissimo au forte, sans jamais arriver à des sonorités désordonnées où la subtilité des harmonies se fût perdue. Tel Chopin encore, il considérait l’art de la pédale comme « une sorte de respiration »… Lorsque Schumann s’écrie : « Je voudrais faire éclater mon piano ! », Debussy recommande seulement à voix basse : « Laissez-le parler ! » ». Le programme de ce remarquable SACD en pur DSD, nous offre, sous le titre évocateur d’ « impressions », Children’s Corner, Deux Arabesques, la Suite Bergamasque, Masques, D’un Cahier d’Esquisses ainsi que Estampes. La jeune pianiste japonaise Momo Kodama déploie un jeu d’une pertinence indéniable, donnant à ses phrasés un souffle idéal. Respectant nuances et finesse de toucher, son approche possède également la force expressive des plus grands interprètes de Debussy, et ce ne sont pas quelques petites duretés d’accents qui priveront cette vision de la plus belle lumière qui soit. Un récital de tout premier plan, à savourer en multicanal ou en stéréo, dans une prise de son des plus chaleureuses.
Jean-Jacques Millo Works for PianoDebussy’s piano works are fruits of maturity to be placed at the heart of a remarkable creative catalogue. The composer’s extremely nuanced keyboard captivated even Marguerite Long who worked with him between 1914 and 1917: “How can one forget the softness, the gentle stroking, the depth of his playing! At the same time that he glided over his keyboard with penetrating gentleness he seized and obtained accents of extraordinary expressive power… Like Chopin, he almost always played in halftones, but with a full and intense sound, without any harshness of attack… The scale of his shading went from triple pianissimo to forte, without ever stretching to jumbled sounds in which harmonic subtlety got lost. Also like Chopin, he considered the art of the pedal like “a kind of respiration”… When Schumann exclaimed: “I would like to let my piano burst out with music”, Debussy recommended it would be enough “to let it speak.” The program on this remarkable pure DSD SACD allows us to hear, under the evocative title “impressions”, Children’s Corner, Deux Arabesques, the Suite Bergamasque, Masques, D’un Cahier d’Esquisses, as well as Estampes. The young Japanese pianist Momo Kodama displays undeniably pertinent playing, giving his phrases perfect breath. His approach, which respects nuances and keyboard refinement, also has an expressive force to be compared to Debussy’s greatest interpreters, and the occasional harsh accents do not block the vision of the most beautiful of light. This is a recital of the first order, to be savored in multicanal or stereo, in a recording of great warmth.
Translation Lawrence Schulman Disponible sur | |
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