En son temps, les audaces de la Symphonie N°3 de Beethoven firent couler une encre critique et bien plus tard, patriotique, comme en témoigna en 1892, Hans von Bulow : « Oui, pour Beethoven le héros était la quintessence du monde. Ses regards tombèrent sur l’étoile qu’a représenté Bonaparte. Beethoven lui dédia son œuvre avant de la composer. Mais les choses prirent un tout autre cours. Après que Beethoven l’eut composée, le consul Bonaparte se mit à avoir de mauvaises fréquentations. Plein de rage, Beethoven déchira la dédicace et, avec une ironie mordante, remplaça ce grand nom par celui d’un simple et brave aristocrate. Aujourd’hui nous avons retiré également cette nouvelle dédicace et n’avons pas eu besoin de chercher longtemps pour trouver celui que nous devions mettre sur le frontispice de la Symphonie héroïque. Nous la dédions aujourd’hui au plus grand héros de l’esprit qui ait vu le jour depuis Beethoven. Nous la dédions au Beethoven de la politique allemande, au prince Bismarck ! ». Philippe Herreweghe poursuit son exploration de l’univers symphonique du maître de Bonn avec une première symphonie de belle tenue, aux accents subtils de finesse et de clarté. Malheureusement, la troisième symphonie n’est guère convaincante et se perd dans une approche stylistique des plus discutables. Dans une prise de son exemplaire en multicanal et en stéréo, ce nouveau volume d’une intégrale annoncée ne peut retenir hélas qu’une attention distraite.

Jean-Jacques Millo

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