La musique pour orgue de Franz Liszt est à redécouvrir. Car, comme l’évoque François Sabatier dans l’excellent guide de la musique de cet instrument : « L’étonnant renouvellement de l’écriture organistique ne peut susciter que l’admiration. S’il se limite, en effet, à des nuances qui laissent la registration libre, comme c’est l’habitude en Allemagne, s’il emprunte à Bach ici un thème, là une technique qu’il traite à sa façon (pas de fugue menée avec rigueur jusqu’à son dénouement), Liszt n’imite pas... ». Le présent enregistrement nous offre d’entendre deux des plus grandes pièces que Liszt composa pour l’orgue. Le prélude et fugue sur le nom de Bach et le prélude toujours d’après Bach « Weinen, Klagen, Sorgen, Zagen ». Ces œuvres sont couplées avec les variations sur le même prélude du cantor de Leipzig, ainsi qu’une œuvre de ce dernier, la Passacaille BWV 582. Jouant sur l’orgue Ladegast de la cathédrale de Merseburg, récemment restauré, orgue sur lequel Franz Liszt lui-même créa certaines de ses œuvres, Michael Shönheit place son discours sous le signe du recueillement plus que sur celui de la flamboyance. Avec des tempi retenus il donne, de ces partitions magnifiques, une dimension religieuse d’une profondeur rare, n’hésitant pas à jouer avec une plage dynamique très large. Voici le premier volume d’une intégrale de l’œuvre pour orgue de Franz Liszt qui s’annonce exemplaire. Jean-Jacques Millo |