Jan Schmidt-Garre signe là un film étrange sur les témoignages de divas bouleversantes. Ces entretiens sont menés par le ténor Stefan Zucker dont le timbre parlé détonne (voix de fausset). Nous allons ainsi de Milan, Rome, Bologne à Florence. Stefan Zucker était déjà intervenu dans le DVD sur les ténors (TDK) avec un sens de l’à-propos (film aussi réalisé par Jan Schmidt-Garre) car avec lui, on apprend réellement des choses. Il explique comment un véritable chant incarné, sait doser entre voix "infantile" (voix de tête ou angélique) et voce di petto (voix de poitrine)... Stefan Zucker interroge ainsi Iris Adami Corradetti, Fedora Barbieri, Anita Cerquetti, Gina Cigna, Gigliola Frazzoni, Carla Gavazzi, Leyla Gencer, Magda Olivero, Marcella Pobbe, Giuletta Simionato. S’il est impossible de résumer chaque personnalité, pour Stefan Zucker, Magda Olivero, est le point central de tout. Car c’est la dernière cantatrice à avoir connu les compositeurs du vérisme. Elle a accumulé, nous dit Stefan Zucker, la tradition en jouant des trois aspects de l’expressivité : c’est une actrice vocale, une musicienne et elle chante un chant ressenti dans l’âme. Il est clair, pour Stefan Zucker, que les divas italiennes savaient mieux incarner les héroïnes du répertoire que celles d’aujourd’hui. A Magda Olivero, Stefan Zucker pose sa question « Quelles sont les différentes facettes d'un chant expressif ?" et la cantatrice répond : « Le chant doit toujours être expressif. On doit trouver l’expression du visage correspondant exactement à ce que l’on dit et à ce que l’on chante. Vous devez vivre votre personnage de l’intérieur et non de l’extérieur, ce qui est superficiel. Chaque mot, chaque note doit sortir de soi et aller à la rencontre du public. » L'art vocal expressif est un art de la subtilité et de la nuance. Il y a aussi un débat pour la voix de poitrine… Bref, un excellent documentaire, mais mal filmé, avec une étrange dominante jaune…
Yannick Rolandeau Disponible sur | |
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