« Avec le Ring, souligne le guide de l’Opéra de Harold Rosenthal et John Warrack, Wagner a laissé une des créations les plus ambitieuses mais aussi les plus accomplies de l’histoire de l’opéra, disons même de l’histoire du théâtre. Il a su relire l’ancienne mythologie à travers le prisme de sa culture, de ses convictions philosophiques, politiques sociales, des influences qu’il a subies pendant la longue élaboration de l’œuvre. A partir de là, il a édifié un ensemble puissamment cohérent dan sa complexité, ayant sa logique particulière jusque dans les nécessités de son exécution (construction du théâtre de Bayreuth), et a créé comme un mythe entièrement nouveau dont la richesse de signification et la valeur pour notre époque sont démontrées par les innombrables exégèses, souvent superposable et non contradictoires, que ce monument a suscitées ». Voici donc le dernier volet de la Tétralogie Australienne. Avec ce Crépuscule des dieux de bonne facture, l’ensemble du Ring demeure cependant en demi-teinte. Seul l’Or du Rhin sort véritablement du lot (voir Opus HD N°19). Les chanteurs wagnériens n’étant plus ce qu’ils étaient, c’est donc pour la direction musicale inspirée du jeune chef Asher Fisch que l’on se tournera pour apprécier cette production. Car malgré quelques lourdeurs, cette dernière soulève l’enthousiasme à défaut de déchainer les passions. Bref, la fin d’un Ring fort honorable que le multicanal transcende dans une prise de son envoûtante.

Jean-Jacques Millo

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