Karl Böhm a une étrange réputation si l’on en croit certains. Quelques uns de ses enregistrements (par exemple chez Mozart) sont un peu mous et ne suscite guère d’enthousiasme. Ce DVd est un peu un démenti contre l’image qu’il donne trop souvent. Nous sommes ici en 1970, du 17 au 18 septembre très exactement, à Vienne, au Grosser Musikvereinssaal. Et il faut l’avouer, la répétition est franchement étonnante, déjà du point de vue simplement humain. Voir ce vieil homme diriger l’orchestre philharmonique de Vienne avec une telle vivacité, un tel feu et un tel enchantement, interpellant les musiciens d’une voix ferme pour tenter d’obtenir ce qu’il veut, chantonnant pour indiquer quelle tonalité il veut entendre, discutant et pinaillant chaque note, aurait de quoi passablement étonner le spectateur, uniquement en regardant le bonhomme. Mais l’effort et le talent sont payants car visiblement l’orchestre obéit, comme on dit, au doigt et à l’œil. Que d’efforts, que de talents, se dit-on pour parvenir à un tel résultat ! Et effectivement, le résultat est là et bien là. Nous l’entendons juste après l’interprétation de ce Don Juan de Richard Strauss, qui est absolument splendide. Il est vrai que Karl Böhm a effectué d’excellents enregistrements des opéras ou des poèmes symphoniques du célèbre compositeur mais de le voir à l’œuvre a quelque chose de réjouissant…
Yannick Rolandeau Karl Böhm in Rehearsal
Karl Böhm has a strange reputation, according to some. Some of his recordings (for example, in Mozart) are rather sluggish and hardly inspire enthusiasm. This DVD is a something of a disclaimer to the image he often gives. The performance dates from 1970, from the 17th to the 18th of September to be exact, in Vienna’s Grosser Musikvereinssaal. And to be frank, the rehearsal is astounding, just from the human point of view to start. To see this elderly man direct the Vienna Philharmonic Orchestra with such spirit, fire and enchantment, challenging the musicians in a steady voice in order to obtain what he wants, humming in order to indicate what tone he wants to hear, discussing and nitpicking each note, is enough to surprise any viewer just from looking at the good man. But the effort and talent pay off, for clearly the orchestra is at his beck and call, as they say. What work and what talent, and what results! Indeed, the result is there and all there for us to hear right after in his interpretation of Richard Strauss’ Don Juan, which is absolutely splendid. It is true that Karl Böhm made excellent recordings of the famous composer’s operas or symphonic poems, but to see him at work is nothing less than a joy…
Translation Lawrence Schulman |