Ce film de Gösta Courkamp est étonnant dans le portrait qu’il brosse de ce pianiste remarquable qu’est Fazil Say (né en 1970). La réputation internationale de Fazil Say s’est développée rapidement, et il est parvenu à passer de l’étape d’enfant prodige à celle du pianiste de renommée mondiale. Il est vrai que l’homme est habité, ce qui devient rare, comme habité par un feu secret, une force intérieure extraordinaire. Fazil Say surprend par sa passion et son engagement. Ce que le film parvient à montrer, sans l’expliciter totalement cependant, est la « dévotion » totale de l’artiste envers la musique, comme un refuge contre la brutalité du monde et une certaine douleur que le pianiste porte en lui et qui reste mystérieuse. Voilà donc un pianiste touchant, au jeu clair, limpide et engagé, vif et nerveux. Le film le montre faisant de la musique avec l'icône turque de la Pop musique Sertab Erener (passage plus convenu) et interprétant Bach et Beethoven à Istanbul. On présente aussi des extraits de ses compositions comme "la terre noire" (Black Earth), filmés récemment pendant une exécution de ces pièces dans l'amphithéâtre antique d’Aspendos. En supplément, Fazil Say joue les Variations Paganini composées par lui, ainsi que le concerto “La Route de la Soie” (Silk Road). Bref, un DVD bienvenu, parfois déroutant, parfois plus convenu, mais qui nous fait découvrir un pianiste fort singulier.

Yannick Rolandeau

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