Achevée en 1902, la cinquième symphonie de Gustav Mahler semble marquer une rupture avec les précédentes. Le compositeur chef d’orchestre délaisse alors le lied pour une forme plus « libre » offrant à son discours symphonique un ton nouveau. Car, « si la symphonie mahlérienne ne peut renier sa forme baroque, souligne Jean Matter, elle se rattache aussi à l’expressionnisme, qui se situe d’ailleurs dans le grand courant baroque. L’Art expressionniste allemand occupe historiquement les mêmes dates assez exactement que l’œuvre de Mahler, et l’Europe centrale est directement touchée par cette esthétique qui est aussi une éthique, et ne constitue ni une école ni un mouvement défini. Mahler est, comme les autres artistes expressionnistes, un isolé ». A la tête de l’orchestre philharmonique tchèque, Zdenek Macal offre une vision déchirée de la Symphonie N°5. Non sans lourdeur, sa direction se veut analytique sans pour autant trouver un ton directeur. Nous assistons alors à une espèce de collage, qui n’est certes pas déplacé dans l’œuvre mahlérienne, mais qui ici ne fonctionne pas par manque d’unité. C’est fort dommage, car la prise de son en pur DSD restitue avec force et vérité les timbres instrumentaux de l’orchestre.

Jean-Jacques Millo

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