Le compositeur George Lloyd (1913-1998) fut un véritable miraculé. En effet, durant la seconde guerre mondiale, alors qu’il était soldat dans la marine sur le HMS Trinidad, il fut pris dans une terrible bataille navale où son vaisseau fut torpillé dans l’océan arctique en 1942. A l’intérieur du Trinidad, sur une vingtaine d’hommes, seuls trois purent en réchapper. Un déluge de fuel et de pétrole entourait les malheureux et George Lloyd fut le dernier à pouvoir s’extirper de cet enfer. Mais le mal était fait. Le compositeur ingurgita du fuel et son corps fut contaminé. Bientôt, la paralysie le gagna et ce fut son épouse qui, par sa volonté et son amour, parvint à lui faire retrouver le chemin de la vie, de l’existence et de la création. Au terme de plusieurs années durant lesquelles George Lloyd dû réapprendre à parler, à composer, à s’exprimer, la persévérance porta ses fruits. La quatrième symphonie retrace à la fois cet enfer et la magie du paysage arctique qu’a côtoyé notre héros. Parfois bavarde, parfois bouleversante, mais toujours inspirée, l’œuvre de Lloyd ne peut laisser indifférent et montre à quel point l’espoir est essentiel dans les pires moments de l’existence. L’orchestre symphonique d’Albany, dirigé par le compositeur lui-même, déploie de belles couleurs au cœur d’un discours orchestral puissant et poétique à la fois. Un bel enregistrement pour un compositeur attachant. Jean-Jacques Millo |