La création de la troisième symphonie de Beethoven date de l’année 1805 et laissa, pour le moins, la critique perplexe : « Cette œuvre longue, des plus difficiles à jouer, est en fait une large fantaisie audacieuse et déchaînée. Elle ne manque, certes, pas de passages frappants et admirables où l’on reconnait indubitablement l’esprit énergique et talentueux de leur créateur. Cependant, elle semble souvent être comme perdue sur un terrain où les conventions n’existent plus. Le signataire de ces lignes compte certes parmi les admirateurs les plus sincères de Monsieur Beethoven mais il doit avouer que la symphonie en question contient trop d’éléments stridents et bizarres ». Aujourd’hui, le chef d’orchestre Andrew Manze s’empare de la troisième symphonie pour la replacer sous le vocable originel de « héroïque ». Ainsi, dans cette conception, Manze met en avant les 12 Contredanses Wo0 14 et le finale du ballet « Les Créatures de Prométhée » deux autres partitions dans lesquelles apparait la notion évoquée. Dans une prise de son exemplaire en pur DSD, la prestation du chef anglais et de l’orchestre symphonique de Helsingborg laisse perplexe. Tout en voulant bouger les lignes, comme on dit aujourd’hui, Manze ne fait que mettre en évidence le caractère intrinsèque purement romantique d’une œuvre qui ne se réclame pas d’autre chose. Alors, à quoi bon « dégraisser » le discours quand tout est dans le juste poids des notes ? Néanmoins, tout cela ne manque pas d’intérêt et l’ensemble du programme proposé ici trouvera certainement ses adeptes.
Jean-Jacques Millo |