Opus Haute Définition e-magazine

Anton Bruckner

Symphonie N°9

Orchestre de la Suisse Romande. Marek Janowski (direction)

Pentatone PTC 5186 030, Codaex Distribution

Super Audio CD hybride stéréo/multicanal

Avec cette neuvième symphonie, restée inachevée, Anton Bruckner fait immédiatement penser à une autre inachevée romantique, celle de Franz Schubert. Cependant, comme l’indique avec pertinence Jean Gallois, le rapprochement n’est pas sans intérêt. Car Bruckner « s’apparente (à Schubert) par maints côtés : mêmes origines modestes, même métier de petit instituteur, même douloureux destin que la conscience d’une certaine laideur physique, écartant d’eux l’âme sœur ardemment souhaitée, rend plus amer encore. De là, peut-être, cette sublimation de la souffrance en une foi sincère et naïve, cet ardent désir de retrouver, par la voie de la musique, le paradis perdu où l’instant se confond avec l’éternité. De là aussi, sans doute, cette douce acceptance de la mort, confidente et amie plus que châtiment, qui n’entrave point le dialogue avec les grands maîtres disparus, Mozart, Haydn et surtout Beethoven sur la tombe duquel ils s’agenouillent l’un et l’autre en pleurant et dont ils cherchent à recréer les puissantes architectures pour organiser leur propre espace sonore ». Créée en 1903 à Vienne sous la direction de Ferdinand Löwe, l’ultime symphonie de Bruckner ne trouve guère de passion sous la baguette rigide et austère de Marek Janowski. La froideur gagne sur l’émotion et c’est avec un sentiment de frustration que l’on quitte cet enregistrement à la prise de son exemplaire.

Jean-Jacques Millo

Disponible surCodaex
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