Voici une remarquable découverte. Né en 1936, le compositeur anglais Richard Rodney Bennett composa son opéra « Les mines de soufre » après avoir fréquenté plusieurs genres musicaux tels que le Jazz ou la musique de films, et fait un fructueux passage à l’école de Darmstadt où il rencontra les grandes figures du lieu comme Nono, Berio, Maderna ou encore Boulez. La première de cet ouvrage fut donnée en 1965 à Londres placée sous la direction de Colin Davis. Le succès fut colossal. Musicalement atonale, la partition évoque irrémédiablement Alban Berg. Un Alban Berg revisité par Benjamin Britten qui est, par ailleurs, le dédicataire de l’œuvre. Néanmoins, l’écriture de Rodney Bennett est formidable d’originalité avec une orchestration d’une rare finesse, aux effets savamment calculés. Son discours dépeint justement, sans pathos, une histoire d’une rare noirceur que Shakespeare n’aurait pas reniée. Les chanteurs sont quant à eux tous exceptionnels et défendent la partition avec enthousiasme et générosité. A la tête d’un bel orchestre du Glimmerglass Opéra, Stewart Robertson trouve le ton juste et délivre des couleurs automnales uniques. Enregistrée en pur DSD, cette production live datant de 2004 est assurément un événement à ne pas rater.

Jean-Jacques Millo