Symphonie du lyrisme, la deuxième de Brahms, malgré un succès public indéniable, n’enthousiasma guère la presse, comme en témoigne cette critique d’un certain Dorffel : « Les viennois se montrent beaucoup moins exigeants que nous. Nous demandons à Brahms des choses tout à fait différentes ; quand il se présente devant nous en symphoniste, nous exigeons de lui une musique qui soit plus que « jolie » ou même « très jolie ». Non que nous ne voulions de lui rien d’aimable, non que nous dédaignions les images de la vie réelle qu’il pourra nous offrir, mais nous voulons toujours le voir dans l’épanouissement de son génie, qu’il s’y manifeste à sa façon ou à celle de Beethoven. Nous n’avons rien découvert de génial dans cette symphonie, et nous n’aurions pas un instant pu supposer qu’elle fut une œuvre de Brahms si elle avait été exécutée sous le concert de l’anonymat. Nous en aurions certes reconnu la grande maîtrise de forme, l’extrême habileté dans le maniement du matériel musical, bref la remarquable qualité de construction, mais il ne nous aurait pas été possible de la considéré comme éminemment caractéristique par son invention. Nous aurions dit que cette œuvre était, certes, digne de respect dans le domaine de la symphonie, mais sans plus. Nous nous trompons peut-être ; s’il en est ainsi, notre erreur est excusable : elle est due aux grands espoirs que notre admiration pour le compositeur nous a conduits à fonder ». Composée en 1883, la symphonie N°3 de Brahms remporta, quant à elle un succès quasi général. Après un premier volume remarquable comportant la symphonie N°1 et les Variations sur un thème de Haydn, Marek Janowski récidive avec une même qualité d’ensemble. Sous sa baguette, et malgré une certaine raideur nuisant parfois aux passages lyriques, les partitions symphoniques de Brahms trouvent une urgence bienvenue mettant en avant la structure des œuvres abordées sans tomber dans un pathos romantique inapproprié.

Jean-Jacques Millo

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