L’île des morts de Sergei Rachmaninov fut créée à Moscou en 1909, sous la direction du compositeur. Inspiré du tableau homonyme du peintre suisse Arnold Böcklin, ce poème symphonique est un chef-d’œuvre incontournable pour notamment la force dramatique que dégage sa narration. Mais il est plus encore et peut être considéré « avec son symbolisme pessimiste, particulièrement représentatif de la personnalité angoissée du compositeur, comme la réussite incontestable de toute sa production symphonique ». Des années plus tard, en 1941, naissaient les danses symphoniques. Dernière œuvre symphonique de Rachmaninov avant sa mort qui surviendra trois ans plus tard, elles représentent parfaitement le style dernière manière du compositeur russe dans lequel « un relatif modernisme voisine avec un épanchement lyrique invariablement présent dans toute sa production ». Dirigeant en public, l’orchestre philharmonique de Londres Vladimir Jurowski ne parvient pas à trouver le ton juste pour ne pas dire le bon rythme pour cette avancée vers le pays des morts. Avec des phrasés au souffle court, c’est plus à une promenade en barque qu’à un voyage initiatique qu’il nous invite. C’est fort dommage car même l’orchestre ne parvient qu’à distiller des couleurs ternes, sans flamme, sans âmes. Et ce n’est pas une prise de son lointaine, ne pouvant rendre justice au Super Audio CD qui arrangera les choses. Une déception. Jean-Jacques Millo |