Auteur de quatre sonates pour piano, de pièces à quatre mains et de variations, Carl Maria von Weber ne fut guère généreux pour le clavier. Mais, comme le dit justement Adélaïde de Place, « C’est cependant une œuvre que Liszt admirait au point d’en préparer une édition, et que Chopin aimait jusqu’à la jouer avec une réelle prédilection et la faire travailler à ses élèves « avec un soin extrême ». On a d’ailleurs souvent fait un rapprochement entre le début de ‘Etude op. 10 n°12, dite « Révolutionnaire », de Chopin et l’étonnante introduction de l’allegro de la première sonate de Weber. Comme Beethoven et Schubert – mais chacun de manière différente - , Weber, musicien issu de l’école classique, a su faire éclater les cadres étroits du petit piano-forte du XVIIIème siècle. Avec un sens aigu de la coloration pianistique, il écrit une musique brillante, émaillée de difficultés techniques et d’effets de virtuosité, amis aussi d’accents expressifs et de mélodies touchantes, - auxquels il donne ces inflexions quasi vocales que lui inspire son génie d’homme de théâtre ». Le programme est ici composé de la Sonate N°2, en la bémol majeur Op. 39 dont l’achèvement de la composition remonte à l’année 1816, la Sonate N°3, en ré mineur Op. 49 qui, elle aussi fut terminée en 1816, et l’Invitation à la Danse Op. 65 dans sa version originale. Jean-François Heisser jouant sur un piano Erard de 1874 nous offre ici une interprétation remarquable des ces partitions au charme indéniable. Avec un phrasé savamment contrôlé et une virtuosité qui ne l’est pas moins, son jeu respire une vitalité communicative. Il parvient à rendre à ces œuvres leurs couleurs premières que la chaleureuse sonorité du piano d’époque renforce avec bonheur. Certes, Jean-François Heisser ne possède pas la poésie de Jean Martin, autre grand interprète de ces pages, mais sa prestation est une merveille d’équilibre. Ajoutons à cela une prise de son exemplaire de finesse et de dynamique et nous avons là un SACD en pur DSD multicanal et stéréo indispensable.
Jean-Jacques Millo Piano Sonatas N°2 & 3. Invitation to the Dance
Author of four sonatas for piano, works for four hands, and variations, Carl Maria von Weber was not prolific for the keyboard. But, as Adélaïde de Place rightly states, “These are still works that Liszt admired to the point of having his students practice them “with extreme care.” What’s more, the link between the beginning of Chopin’s Étude op. 10 n°12, called the “Revolutionary”, and the surprising introduction to the allegro of Weber’s first sonata, has often been made. As in Beethoven and Schubert – each in his own way -, Weber, a musician of the classical school, knew how to break out of the narrow framework of the 18th century’s small piano-forte. With an extreme sense of pianistic color, he wrote brilliant music enameled with technical difficulties and virtuoso effects onto which he made these quasi vocal inflections inspired by his genius as a man of the theater.” The program is made up of the Sonata N°2, in A flat major Op. 39, which was completed back in 1816, the Sonata N°3, in D minor Op. 49, which was also terminated in 1816, and the Invitation to the Dance Op. 65 in its original version. Jean-François Heisser, playing an Erard piano built in 1874, here offers us a remarkable interpretation of these undeniably charming scores. Skillfully controlled both in his phrasing and no less so in his virtuosity, his playing breathes a communicative vitality. He manages to bring out the original colors in these works, which the warm sound of the period piano happily reinforces. There is no denying that Jean-François Heisser does not have the poetry of Jean Martin, another great interpreter of these pages, but his performance is marvelously balanced. A fine, dynamic sound recording what’s more, this pure DSD multicanal and stereo SACD is an essential one.
Translation Lawrence Schulman |