Second SACD consacré, par le label Ondine, à Rautavaara et second coup de maître. Regroupant une œuvre récente, « Manhattan Trilogy », datant de 2004 et la troisième symphonie datant elle de 1961, cet enregistrement est, notamment, une merveille de couleurs orchestrales comme la musique contemporaine nous en offre peu, hélas. Et comme c’est un peu la coutume du magazine, laissons au compositeur lui-même, le soin de nous présenter ses œuvres. « J’ai apprécié l’occasion de composer cette œuvre (Manhattan Trilogy) pour le centenaire de la Juilliard School où j’ai étudié la composition en 1955-56. Ces deux semestres à New-York furent importants pour moi : c’est Jean Sibelius qui m’avait choisi pour recevoir cette bourse d’études pour Tanglewood et Juilliard. Aux Etats-Unis, j’ai eu d’éminents professeurs tels Vincent Persichetti, Rogers Sessions et Aaron Copland, mais encore plus impressionnantes furent toutefois la beauté de Manhattan, sa cruauté et les impressions variées que je ressentais. Tout cela reflète ma propre jeunesse : les rêveries pleines d’espoir « Daydream », les cauchemars soudains pleins de doutes « Nightmares » et l’éveil « Dawn » de la personnalité – c’était peut-être le climat essentiel de ma jeunesse – probablement celui commun à tous les compositeurs ou à tous les artistes. Aussi il ne faut pas prendre les titres pour des descriptions précises mais pour les symboles des étapes d’une jeune musicien ». Quant à la Symphonie N°3, elle est, nous dit Rautavaara, « une synthèse de mes goûts qui sont assez contradictoires. A l’époque je revenais juste de Suisse où j’avais étudié la technique dodécaphonique. Parallèlement je m’étais absorbé dans la musique d’Anton Bruckner, où un système rigoureusement contrapuntique s’associe à l’expressivité profonde – au fond comme chez Arnold Schoenberg… ». Leif Segerstam et l’orchestre philharmonique d’Helsinki offrent à ces pages leur lumière idéale et démontrent, une nouvelle fois, qu’Einojuhani Rautavaara est une figure majeure de la musique d’aujourd’hui.
Jean-Jacques Millo
Here is the label Ondine’s second SACD devoted to Rautavaara, and its second master stroke. Grouping a recent work, “Manhattan Trilogy”, dating from 2004, with the third symphony, it from 1961, this recording, among other things, is a marvel of orchestral colors the likes of which contemporary music unfortunately offers us few. And as we often do here, let us allow the composer himself to present his works. “I appreciated the opportunity to compose this work (Manhattan Trilogy) for the centenary of the Juilliard School, where I studied composition from 1955 to 1956. These two semesters in New York were important for me: it was Jean Sibelius who chose me to receive this scholarship for Tanglewood and Juilliard. In the United States, I had distinguished professors such as Vincent Persichetti, Rogers Sessions and Aaron Copland, but even more impressive was the beauty of Manhattan, its cruelty and the various impressions I felt. It all reflects my own youth: the dreams full of hope in “Daydream”, the sudden nightmares full of doubts in “Nightmares” and the awakening of the personality in “Dawn” – it was perhaps the essential climate of my youth – probably one common to all composers and artists. What’s more, one must not take the titles as exact descriptions but as symbols of stages of a young musician.” As for Symphony N°3, it is, as Rautavaara states, “a synthesis of my fairly contradictory tastes. At the time I had just come back from Switzerland where I had studied twelve-tone techniques. At the same time I was absorbed by the music of Anton Bruckner, where a system of rigorous counterpoint combines with deep expressivity – at heart just like in Arnold Schoenberg…” Leif Segerstam and the Helsinki Philharmonic Orchestra give these pages their right light and demonstrate once again that Einojuhani Rautavaara is a major figure in music today.
Translation Lawrence Schulman Disponible sur | |
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