Opus Haute Définition e-magazine

Gustav Mahler

Le Chant de la Terre (chanté en chinois)

Ning Liang (mezzo-soprano). Warren Mok (ténor). Singapore Symphony Orchestra. Lan Shui (direction)

BIS 1547, Codaex Distribution

Super Audio CD hybride stéréo/multicanal

Lorsque Gustav Mahler composa « Das Lied von der Erde » durant l’année 1908, une profonde amertume l’accablait. Venant de perdre une de ses filles, connaissant la maladie cardiaque qui devait l’emporter deux ans plus tard, le compositeur chef-d’orchestre ne pouvait qu’être touché dans sa chair par la traduction de Hans Bethge des poèmes chinois qui le menèrent au Chant de la Terre. Ces derniers étaient au nombre de vingt-trois et furent, en fait, des adaptations chinoises de traductions allemandes, anglaises et françaises. On le voit, « l’authenticité » de la source fait cruellement défaut à ce que l’on peut considérer comme un chef-d’œuvre de la musique symphonique avec chant. C’est donc avec une réelle curiosité que nous avons abordé ce nouvel enregistrement du Chant de la Terre chanté non pas en allemand, mais en chinois. Cette version replace l’œuvre au cœur des textes originaux inspirés par la dynastie Tang. Dans une reconstitution rigoureuse et fastidieuse de Daniel Ng, elle délivre la partition du carcan occidental dans lequel elle était plongée depuis toujours. Et le résultat est plutôt enthousiasmant, même si la direction de Lan Shui manque parfois de finesse. Le couple de chanteurs est en revanche digne d’éloges. Le timbre chaleureux de la mezzo-soprano Ning Liang apporte à l’ensemble le poids de mélancolie et de mystère que réclame la partition. A découvrir.

Jean-Jacques Millo

Disponible surCodaex
Visuel