Les symphonies d’Anton Bruckner (1824-1896) forment un des corpus les plus originaux de l’ère romantique allemande. Puissance évocatrice et profondeur mystique sont les maîtres mots de son langage. Mais Bruckner « fut un perfectionniste, et remania sans cesse la rédaction de ses symphonies, comme le souligne François-René Tranchefort ; d’où l’existence de versions autonomes d’une même œuvre, - qui a créé un véritable imbroglio des éditions, publiées selon des critères musicologiques différents. Pour résumer, on distingue actuellement : d’une part les éditions dues à l’allemand Robert Haas, qui diffusent en principe les versions originales (ou avec remaniements apportés par Bruckner de son propre chef, le plus souvent avant même toute exécution publique) : d’autre part les éditions dues à l’autrichien Léopold Nowak, - ultérieures et plus complètes, puisque tenant compte de toutes les versions de chaque symphonie (remaniements effectués par le compositeur, généralement à l’issue d’une première exécution, suivant des suggestions extérieures) ». La version originale de la troisième symphonie qui nous occupe ici date de 1873 et comporte les fameuses citations wagnériennes qui donnèrent à la partition son sous-titre de « Wagner –Symphonie ». Dirigeant une Philharmonie de Hambourg de grande tenue, Simone Young offre une vision ample et parfaitement maîtrisée de l’œuvre. Avec un souffle retenu mais puissant, sa lecture emporte l’adhésion grâce notamment à un jeu de contrastes aux couleurs finement ciselées. Dans une prise de son live à l’espace généreux, cette version originale de la symphonie N°3 est une heureuse surprise.

Jean-Jacques Millo

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