Il est fort surprenant de revoir ces enregistrements des quatre symphonies de Johannes Brahms sous la baguette d’Herbert Von Karajan. Elles furent tournées par Unitel, avec des moyens cinématographiques, en 1973, en 35 mm et en couleurs. Le directeur de la photographie est Ernst Wild et la réalisation est signée Herbert Von Karajan lui-même. Ces deux DVD montrent en tout cas à quel point on avait à cette époque l’ambition d’immerger le spectateur dans un concert où le son et l’image lui donneraient une certaine ivresse esthétique. Les symphonies de Brahms, tourmentées, mélancoliques et agitées bénéficient donc d’un Karajan au mieux de sa forme. Il est inutile de gloser indéfiniment sur son talent : il est comme tous les grands chefs d’orchestres, avec ses succès et ses ratés. Pour Brahms, on est au meilleur. Certes, l’impression d’un chef poseur à l’imagerie très contrôlée existe. Sans doute qu’il y a là une volonté d’immortalité. On préférerait tout de même que cela ne soit pas. Mais ce serait une erreur d’en rester à cette apparence tant les quatre symphonies possèdent une force, une énergie, un tragique et un sens musical hors du commun. On invite l’auditeur à écouter le célèbre mouvement lent de la troisième symphonie pour déguster la mélancolie que le chef y imprime. Sous sa baguette, le Berliner Phiharmoniker vibre au moindre geste du maestro et offre le meilleur.
Yannick Rolandeau It is very surprising to see these recordings of Johannes Brahms’ four symphonies under the direction of Herbert Von Karajan. They were filmed in 1973 by Unitel in 35 mm and in color. The director of photography is Ernst Wild and the direction is signed Herbert Von Karajan himself. These two DVDs in any case show the degree to which the goal at the time was to immerge the public in the concert, where sound and image would give it a certain esthetic euphoria. Brahms’ symphonies, tormented, melancholic and agitated, benefit from Karajan at his peak. It is useless to expound endlessly about his talent: he was like all the great conductors - with his hits and his misses. These Brahms recordings are a hit. Yes, the impression one has — of a conductor showing off behind a tightly controlled camera — is real. There is no doubt he is striving for immortality. If only this were not so. But it would be a mistake to stick to appearances, inasmuch as the four symphonies possess an uncommon force, energy, tragic and musical sense. Just listen to the slow movement of the third symphony to taste the melancholy the conductor brings to it. Under his direction, the Berliner Philharmoniker vibrates to the mæstro’s slightest gesture, and offers it all.
Translation Lawrence Schulman |