Opus Haute Définition e-magazine

Franz Schubert

Alfred Brendel Joue et Présente Schubert

Alfred Brendel (piano)

EuroArts 2000078, Harmonia Mundi Distribution

5 DVD stéréo / DTS

Après les efforts d’Arthur Schnabel, puis de Friedrich Wührer dans les années cinquante, Alfred Brendel entreprend en 1976 de sortir l’œuvre pianistique de Franz Schubert du petit cercle des mélomanes. Certes, Wilhelm Kempff, Claudio Arrau et Lili Kraus avaient aussi joué les œuvres du compositeur viennois. Là, Alfred Brendel joue les grandes sonates et les grandes pièces pour piano de Schubert devant les caméras de la Radio-Télévision de Brême. Il y a dans ce coffret la Fantaisie D 760, les sonates D 784, D 840, D 845, D 850, D 894, D 958, D 959, D 960, les Impromptus D 899 et D 935, et enfin les Moments musicaux D 780. Il faut ajouter à cela trois pièces pour piano D 946. Bref, nous avons ici les œuvres majeures du compositeur viennois. Alfred Brendel ne se contente pas de les jouer mais aussi de les présenter. Par de brefs exemples musicaux, il essaye de se faire concret. Illustrant tel ou tel motif, insistant sur telle ou telle sonorité, il rend les œuvres accessibles. C’est réussi à condition évidemment que le spectateur ou l’auditeur fasse l’effort de pénétrer la beauté douce, tragique et mélancolique d’une telle musique. Il est impossible de décortiquer chacune des œuvres ou sonates interprétées mais c’est en général splendide. On peut émettre quelques réserves notamment dans les dernières sonates où Alfred Brendel les joue avec moins de tragique qu’il ne faudrait. En effet, Franz Schubert est sans doute le premier musicien tragique de l’histoire de la musique et ce tragique n’est jamais pathos. C’est délicat, tendrement mélancolique et pourtant parfois, on sent toute la douleur et la mort à l’œuvre dans cet homme. C’est poignant, surtout dans les dernières œuvres précisément. En bref, Alfred Brendel oublie un peu cette relative « morbidité » dans l’interprétation, ce que réussira fort bien Maurizio Pollini chez DG. Certes, il s’agit là de choses dont on pourrait discuter longuement car évidemment, le toucher d’Alfred Brendel est somptueux, clair, délicat. Si le son est un peu étouffé parfois, il reste très honorable pour cette époque. Un fort beau coffret.

Yannick Rolandeau

Following Arthur Schnabel, then Friedrich Wührer in the 1950s, Alfred Brendel undertook in 1976 to free Franz Schubert’s piano works from the confines of a small circle of music lovers. Wilhelm Kempff, Claudio Arrau and Lili Kraus also played the Viennese composer’s works, but here Alfred Brendel plays the great sonatas and works for piano in front of the cameras of Bremen Radio-Television. In this box set are the Fantasy D 760, the Sonatas D 784, D 840, D 845, D 850, D 894, D 958, D 959, D 960, the Impromptus D 899 and D 935, and finally the Musical Moments D 780. There are also Three Pieces for Piano D 946. In short, in this set are the major works by the Viennese composer. Alfred Brendel not only plays but presents the works. In brief musical examples, he tries to be concrete. By illustrating a motif, or insisting on an accent, he makes the music accessible. This works only if that the viewer or listener makes the effort to penetrate the soft, tragic and melancholic beauty of such music. It is impossible to dissect each of the works or sonatas interpreted, but in general all here is splendid. One might have reservations as to the last sonatas that Alfred Brendel plays with less tragedy than he should. In fact, Franz Schubert is without doubt the first tragic musician in musical history, and this tragedy is never maudlin. Rather, it is delicate, tenderly melancholic, and yet at times one wholly feels pain and death at work in this man. It is poignant, especially in the last works. In short, Alfred Brendel somewhat forgets this relative “morbidity” in his interpretations, a fact that Maurizio Pollini on DG does not. These are things one could discuss at length, but obviously Alfred Brendel’s playing is sumptuous, clear, delicate. Even though the sound is sometimes a bit muffled, it is quite respectable for the period. A very beautiful box.

Translation Lawrence Schulman

Visuel