Opus Haute Définition e-magazine

M. Tippett

King Priam

Rodney Macann, Sarah Walker, Howard Haskin, Anne Mason, Janet Price, Neil Jenkins. Kent Opera Chorus et Orchestra. Roger Norrington (dir)

Arthaus Musik 2056046, Intégral Distribution

DVD stéréo / DTS

Opéra en 3 actes composé en 1958 à la demande de la "Koussevitsky Foundation" et dédié à la mémoire de Natalie Koussevitsky, King Priam fut créé le 29 mai 1962 durant le "Coventry Cathedral Festival" en Angleterre. Né à Londres en 1905 et mort en 1998, Sir Michael Tippett a passé son enfance dans le Suffolk. Par la suite il fit des études au Royal College of Music. Tippett montre une grande sensibilité aux événements mondiaux comme la Première Guerre mondiale, la dépression de 1929 et le chômage de masse, et les enfants souffrant de la faim. Le résultat fut l'oratorio A Child of Our Time (1939-1941). Il composa plusieurs symphonies et opéras dont The Midsummer Marriage, New Year. Tippett a reçu de nombreuses récompenses et distinctions (commandeur de l'ordre de l'empire britannique, chevalier en 1966, Companion of Honour en 1979, l'Ordre du Mérite en 1983, décoré de la médaille d'or de la Royal Philharmonic Society). King Priam raconte l’histoire de ce fils de Laomédon. Pour ne pas devenir esclave, il est racheté par sa sœur Hésione et prend le nom de Priam, qui signifie « racheté ». Au début, il hésite à tuer son fils Pâris car on prédit qu’il tuera son père. Dans l´Iliade, il voit mourir nombre de ses fils au cours de la guerre et en particulier Hector tué par Achille. Celui-ci refusant de rendre le corps d’Hector à sa famille pour les funérailles. Priam se rend au milieu du camp des grecs pour y supplier Achille de lui rendre le corps de son fils. Il est tué par Néoptolème, le fils d’Achille. Cette représentation de 1985 aurait pu être un événement lyrique si la mise en scène avait été plus sobre et moins post-moderne. Musicalement, l’opéra est superbe, dépouillé, austère, rigoureux et le problème, une fois de plus, vient de l’inadéquation entre le spectacle et la mise en scène qui en rajoute soit dans le sanglant, soit dans le minimaliste décalé esthétisant. Pourquoi par exemple mettre un interprète noir alors que Priam et sa femme sont indéniablement grecs ? Il ne viendrait pas à l’idée d’un metteur en scène noir d’affubler un couple noir d’un enfant blanc. Évidemment, ça fait « bien » dans l’imagerie anti-raciste. Sauf que ça n’a ni queue, ni tête. De même dans les décors chichiteux et frigides. Bref, les chanteurs sont néanmoins excellents et la direction d’orchestre de Roger Norrington est inspirée.

Yannick Rolandeau

Disponible surIntegralmusic.fr
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