Sans doute connaît-on le célèbre roman de l’abbé Prévost contant les amours de Manon Lescaut et du Chevalier des Grieux, amour malheureux comme on sait, et qui en fait une thématique éminemment romantique. Trop sans doute car on en connaît à force le canevas un peu usé sans plus trop s'étonner des subterfuges. Néanmoins, Puccini en tire une partition enflammée que le chef d’orchestre Riccardo Muti, à la tête de l’orchestre du théâtre de la Scala, rend fort bien. De ce côté-là, tout va bien sans être non plus d'une inventivité époustouflante. L’ autre bon point est la reconstitution d’époque et la mise en scène de Liliana Cavani (également la réalisatrice des films comme Portier de nuit, La peau (d’après le roman de Malaparte), Derrière la porte), cette Manon est assez convaincante notamment par la belle interprétation de Maria Guleghina dans le rôle titre. C'est José Cura dans celui du Chevalier des Grieux qui accuse les plus grandes faiblesses sans que celles-ci soient catastrophiques bien entendu mais on attendait nettement mieux. Voilà donc une version satisfaisante et offrant une première approche de l'oeuvre tout à fait honorable..

Yannick Rolandeau