Opus Haute Définition e-magazine

R. Wagner

Lohengrin

Emily Magee, Luana Devol, John Treleaven. Hans Joachim ketelsen. Gran Teatre del Liceu. Sebastien Weigle (dir)

EuroArts 2056008, Harmonia Mundi Distribution

2 DVD stéréo / DTS

Lohengrin est un opéra composé de 1845 à 1848 et créé en 1850. L'histoire du « chevalier au cygne » provient de la littérature médiévale allemande, notamment Parzival de Wolfram von Eschenbach et sa suite anonyme, Lohengrin. Lohengrin fut un succès immédiat. Le jeune roi Louis II de Bavière fut touché par cet opéra féerique ; il fit construire plus tard un château tout droit sorti d'un conte de fées, qu'il nomma Neuschwanstein (« la nouvelle pierre du cygne »). L'histoire est celle de la pauvre princesse Elsa von Brabant, accusée de la disparition de son frère par un couple aspirant au trône, le fougueux Friedrich von Telramund et la manipulatrice Ortrud. Heureusement, alors que tout semble compromis, apparaît un mystérieux chevalier dont l'attelage est tiré par un cygne, et qui prend la défense d'Elsa. L'opéra raconte cette lutte pour le pouvoir, entre ces deux clans rivaux, Ortrud incarnant les religions anciennes et Elsa le christianisme. Ici, dans cette étrange représentation donnée entre le 24 et 27 juin 2006, l’action se passe dans le milieu scolaire ! Le spectacle est une reprise d’une mise en scène de Peter Konwitschny de 1999. Dans le livret du DVD intitulé « Le chevalier au cygne en trench-coat », l’auteur écrit : « Ceux qui ne se seront pas braqués d’emblée contre l’interprétation de Konwitschny auront rapidement senti que cette idée de salle de classe allait bien au-delà d’une simple volonté d’originalité. Lohengrin s’est vu soudain porté par une légèreté et entraîné par un élan exalté que l’on y avait rarement perçus, tout en exprimant une gravité et une profondeur d’émotion qui dépassaient largement l’aspect superficiel d’une farce de potache. » Il ne faut pas déjà se « braquer » (ce qui en dit long déjà…) mais on apprend que l’œuvre de Wagner est « affranchie » de sa chevalerie statuaire. Vous avez bien lu « affranchie ». Faire une mise en scène classique aurait été un enfermement bien sûr ! Il paraît, toujours d’après la notice, que Konwitschny voulait se consacrer « à un récit sur les désirs exaltés de la jeunesse, sur sa douloureuse accession à l’âge adulte et sur les premiers grands échecs d’une utopie. » Bref, on pourrait continuer ainsi longtemps. Voir un tel spectacle frise le ridicule au bout d’une heure et on se demande quoi sauver. Comme la représentation dure près de quatre heures, on a le temps de porter son attention sur telle ou telle voix ou sur l’orchestre mais il faut dire que le reste est tellement insupportable…

Yannick Rolandeau

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